Dernièrement, sur facebook se sont multipliés les commentaires de la relation problématique entre le Congrès Mondial Amazigh (CMA) et le colonel Gadhafi, dont beaucoup de monde se demande ce qu’il a fait cet ONG pour la Libye. La vidéo de l’ancien président Lounès Belkacem a fait le tour des sites web où celui-ci exhortait publiquement son admiration pour le sanguinaire dictateur libyen, qui l’avait reçu, à côté d’autres membres en 2005.
Il n’est jamais tard de clarifier une fois pour toute la position du CMA et de certaines de ses dirigeants de la complicité néfaste qu’ils ont eu avec le régime libyen et qui a malheureusement terni l’image de notre ONG à l’échelle internationale ; une ONG créée dans le but de défense des droits de peuple amazigh dans le monde et non pas dans le but de défense des intérêts des dirigeants dictatoriaux de notre espace nord-africain.
Certains militants amazighs avaient formulé un certain commentaire comme quoi M. Belkacem s’est converti en dictateur au sein du CMA depuis qu’il avait rendu visite à Mouammar Gadhafi. Mais, normalement, on s’est rendu compte depuis qu’il avait reçu en secret l’invitation de la part de celui-ci juste avant le tenue de VI-ème congrès général du CMA à Nador en août 2005 sans qu’il le déclare publiquement à l’assemblée générale. Et ce monsieur avait fait tout pour se faire réélire à la tête du CMA afin d’être reçu par le dictateur en tant que président du CMA, violant définitivement le pacte orale de congrès de Tafira de l’idée de l’alternance sur la présidence du CMA. Alors, une semaine juste après la rencontre de Nador, tout le monde se surprend de la visite spectaculaire de celui-ci à la tente généreuse du dictateur, et qui s’est ensuivie avec la visite d’une délégation plus ample de membres du Bureau Mondial, que j’ai personnellement boycotté. Un groupe de personnes qui se sont restés fidèles entre eux et qui ont essayé de mettre mains basses sur les instances du CMA, en violant les décisions de nos instances (comme le CF de 23 février 2008) et en faisant le jeu du pouvoir marocain de diviser le CMA avec le spectacle folklorique de Meknès fin octobre 2008. Une division voulue et qu’ils continuent à entretenir à le faire en appelant à une nouvelle rencontre illégale fin de ce mois et début octobre à la ville tunisienne de Djerba. Une nouvelle tentative pour eux de se blanchir de leur complicité manifeste avec le dictateur déchu et avec ses fils après la réussite de la révolution libyenne où le rôle des rebelles amazighs a été fort déterminant.
Et le scénario se répète, et juste après leur rencontre théâtrale de Meknès, où Mr. Belkacem s’est autoproclamé président à vie du CMA, celui-ci et ses complices de toujours se rendent une 3ème fois en Libye, attirés par l’odeur des pétrodollars de la Fondation de Seif El Islam, fils de Gadhafi (http://www.rachidraha.com/Lettre24.html). Cette fois-ci, la dite visite, à la différence des autres, n’est pas passée inaperçue de l’opinion publique et elle avait déclenché un tollé de critiques dont celle du CMA légitime et légal. A ce propos, et en tant que président du CMA à l’époque, j’avais adressé un courrier de protestation (en arabe) au fils de dictateur avec accusé de réception, dont voici le contenu intégral :
Lettre ouverte à Monsieur Saif El Islam El Kadhafi
Président de la fondation Kadhafi pour les associations de bienfaisance
Azul, bonjour
Suite à ce qui a été diffusé sur un site Internet affirmant que vous avez adressé une invitation à Monsieur ‘Belkacem Lounes’, le considérant ‘président’ du Congrès Mondial Amazigh.
Nous vous adressons cette lettre, Mr. Saif El Islam Kadhafi, pour éclaircir certains points et éclairer l’opinion publique amazighe et internationale. Nous vous informons que les amazighs ont coupé toutes les relations avec la Libye, et cela suite aux déclarations racistes faites par votre père ‘Maamar El Kadhafi’, des déclarations dont il ne rate aucune occasion pour menacer d’extermination les amazighs de Libye, et cela en violation de toutes les conventions internationales de respect des droits de l’homme. Ses positions de haine, cette attitude et ses menaces d’extermination de son peuple ne sont pas de cet ère.
Partant de là, nous estimons que votre père a dépassé toutes les limites et violé tous les protocoles, et tout dialogue avec lui, ou avec son système, ne sera possible que sous certaines conditions :
premièrement, répondre favorablement aux revendications du mouvement amazigh authentique libyen,
deuxièmement, découvrir la vérité sur ce qui est arrivé au militant ‘Said Sifaou’ et aux autres militants amazighs ;
et troisièmement, présenter des excuses officielles de la part de votre pére Mouamar El Kadhafi sur ce qu’il a affirmé et de toutes les violations subies par le peuple amazigh libyen.
De l’autre coté nous vous informons que Mr. ‘Belkacem Lounes’, l’ex-président du Congrès Mondial Amazigh, n’a aucune relation avec cette organisation et que des poursuites judiciaires sont en cours contre lui, et cela dans les affaires suivantes :
Usurpation et utilisation illégale du nom ‘Congrès Mondial Amazigh’
Demande de vérifications financières au sein des banques françaises et des malversions constatées.
Ouverture d’une enquête sur l’utilisation de notre organisation pour des fins illégales comme l’émigration clandestine vers l’Europe.
Veuillez accepter nos salutations les plus distinguées.
Rachid RAHA
Président du Congrès Mondial Amazigh ».
Voici ci-contre l’accusé de réception de notre lettre datée du 13/08/2009.
Mais la critique la plus dure et la plus méchante est sans aucun doute venait d’un certain militant résidant en France, le dénommé Mohamed Amnay que vous pouvez consultez encore sur ce site : http://ageddim.jeeran.com/archive/2009/10/957709.html .
Effectivement, lorsque Gadhafi avait appelé à l’extermination des imazighen, on était les premiers et presque les seuls personnes au monde à organiser un sit in de protestation devant le consulat de Libye à Rabat, le 20 avril 2007, du fait qu’il avait soudoyé tous les pays occidentaux par le pétrole du peuple libyen qu’il extorquait. Il s’en est suivi une autre organisée à Paris à l’appel de l’association de Tamazgha lors de la visite de Gadhafi en France où des membres de notre ONG ont pris part. Ce dernier sit in avait déclenché l’ire de dictateur qui s’est soldée par l’échec d’achat d’armements français…
De même, lorsque Gadhafi avait emprisonné les frères Bouchkhar et les chercheurs de l’Ircam, le CMA était l’un des premiers à réagir, à côté de Congrès Mondial de la Jeunesse Amazighe, présidé par le très actif militant Said El Ferouah, à organiser le sit in du 6 janvier 2011, interdit par les autorités marocaines. Et une fois déclenchée, la révolution le 17 février, le CMA était aussi l’une des premiers organisations à soutenir la révolution, et devant la répression sanguinaire de Gadhafi à ce valeureux mouvement des jeunes du 17 février, le CMA avait appelé , à côté d’autres ONG marocaines, au sit in du 22 février 2011, violement réprimé par les autorités marocaines, qui étaient restés complices avec la dictature libyenne jusqu’à la dernière minute, c’est-à-dire jusqu’à la victoire de la bataille de Tripoli. Une complicité qui avait permis, sans l’oublier, l’interdiction de la présentation du livre du notre journaliste Said Bajji sur la vie de Said Sifaw que nous avons voulu organiser le 18 juin 2009. Un autre événement de notre perpétuelle solidarité avec nos frères et sœurs libyens était notre présence lors de la conférence Mondiale contre le Racisme des Nations Unies à Genève en avril 2010 où on a attaqué directement les propos de génocide du l’autoproclamé « roi des rois d’Afrique ». En fin de compte, ce souhait de menace d’extermination des imazighen n’est pas restée lettre morte, le dictateur a essayé de le matérialiser avec le déclanchement de la révolution et que heureusement il n’a pas pu le concrétiser du fait que les rebelles amazighs étaient plus forts et plus déterminés que ses milices et ses mercenaires.
Mais ce qui nous étonne le plus actuellement et de manière profonde et triste, c’est la complicité de certains militants libyens qui connaissent tous les détails de nos démarches et initiatives, et qui connaissent aussi toutes les magouilles de la mafia de ‘Belkacem & compagnie’ et qui continuent à s’engager à ses côté pour porter atteinte à la crédibilité de notre jeune organisation, et de ce fait ils continuent à contribuer à l’enfoncer dans la division, faisant le jeu de nos régimes dictatoriaux amazighophobes, comme le cas de Mr. Fathi Ben Khalifa. Au lieu d’arrêter de travailler avec ces ‘baltajia’ de la cause amazighe et de leur demander de restituer au peuple libyen les pétrodollars qu’ils ont reçu de sanguinaire Gadhafi, ils essayent de les blanchir de leurs complicités avec nos bourreaux de Tamazgha .
En définitive, le CMA, qui lutte acharnement pour son autonomie, et les militants nobles amazighs de monde seront toujours de côté de nos compatriotes amazighs de la Libye dans leur aspiration légitime à un état civil démocratique, qui inscrirerait dans sa nouvelle constitution la langue amazighe en tant que la langue officielle.
*R. RAHA est actuellement vice-président du CMA.