Actualité des peuples autochtones d’Afrique du Nord (Tamazgha).
Imazighen ou les amazighs, plus connus sous le nom de berbères, constituent le peuple autochtone de toute l’Afrique du Nord dont la superficie dépasse les 4 millions de Km2. Ils ont pu résister depuis des siècles aux différentes invasions qu’a connu le sol nord-africain, à savoir les phéniciens, les romains, les vandales, les byzantins, les arabes, les ottomans et les européens (français, espagnoles, italiens et portugais). Ils conservent toujours leur langue millénaire, appelée tamazight, et qui dispose de sa propre graphie qu’est le tifinagh (la première et la plus ancienne écriture découverte dans toute l’Afrique).
Même si la majorité des Imazighen se sont arabisés à travers le temps, depuis leur conversion définitive à l’Islam au XIème siècle, une grande partie de leur population a réussi à conserver encore leur langue et est parlée de nos jours par plus de 30 millions de personnes, répartis sur une dizaine de pays qui maintiennent des frontières artificielles et coloniales dans l’Afrique du Nord, qu’ils appellent Tamazgha (Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie, Mauritanie, Egypte, Mali, Niger, Burkina Fasso et Espagne par rapport aux Iles Canaries et aux villes rifaines de Melilla et Ceuta). A cela, il faut ajouter une communauté de plus de 4 millions de personnes installée dans les différents pays de l’Union Européenne et d’Amérique du Nord.
Depuis leurs indépendances, les Etats nord-africains ont nié catégoriquement l’existence du peuple amazigh et de ses communautés, et ils ont pratiqués une politique généralisée de négation et d’exclusion à l’encontre de leur identité, de leur langue, de leur histoire et de leur civilisation. La langue amazigh en tant que langue officielle n’est reconnue dans aucune constitution de ces pays !
Au Maroc, où ils constituent plus de la moitié de la population, les Imazighen sont victimes de la politique d’apartheid anti-amazigh, une politique d’atteinte aux droits de l’homme au niveau économique, politique et culturel, comme le confirment les indicateurs suivants : La marginalisation des régions peuplées par les amazighophones dans les montagnes et les déserts et qui sont situées loin des centres urbains ainsi que dans les plaines située loin des villes métropoles, plaines épuisées par les barons de l’agriculture de marché et devenues improductives et entraînant un exode massif des populations vers les grandes villes où ils vivotent dans des bidonvilles et auprès des cours d’eau ; La poursuite de l’interdiction des prénoms amazighs; La limitation de l’intégration de la langue amazighe dans le système éducatif et la non généralisation de l’enseignement de l’amazigh dans les programmes de l’enseignement public et privé, ainsi que dans les programmes de l’école royale qui forme les élites appelées à gouverner le Maroc dans l’avenir ; Le refus de réformer les programmes, les matières et les curricula éducatifs marocains, particulièrement ceux de l’éducation islamique, l’histoire, la géographie et la langue et la littérature arabes qui rattachent les origines de la civilisation marocaine à des origines orientales pures et le refus de reconnaître toute caractéristique africaine et authentique à la civilisation amazighe ;
En Algérie, la population amazighophone arrive à plus de 10 millions de personnes, habitant principalement les régions de la Kabylie, des Aurès, du Mzab et du sud. « Au printemps d’avril 2001, le président Abdelaziz Bouteflika lance une meute de gendarmes pour mater l’un des fiefs de la démocratie en Algérie, et en mettant le feu à cette Kabylie qui pendant des années jouissait du titre de la petite suisse. Les gendarmes pour la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie ont tiré à balle réelles sur des manifestants qui protestaient contre l’assassinat d’un jeune lycéen à l’intérieur même de la brigade de gendarmerie le 18 avril 2001. En deux ans la Kabylie fut mise à sac, ruinée, des dizaines d’investisseurs, entrepreneurs quittèrent la région. Plus de 120 jeunes tués par les gendarmes et quelques 10 000 blessées en 2 ans. La même période en 2004, les gendarmes s’attaquent à des paysans de la région des Aurès, tortures, séquestrations et emprisonnements. La deuxième région berbérophone d’Algérie venait de subir le même sort que la Kabylie. En 2008, la population de Bérriane, à Ghardaia, vit une situation de guerre civile, racisme anti-amazigh, conflit sciemment entretenu »…
En pays touarègue, dans la région du Grand Sahara et du Sahel, les populations autochtones amazighes que sont les touarègues, connus sous le nom d’ « hommes bleus », sont victimes d’une politique de génocide programmée par les Etats de Mali et Niger. Ces deux états africains n’ont pas de tout respecté leurs engagements de décentralisation et de promesses de développement socio-économiques de leurs régions du nord, des engagements signés dans divers accords de paix en 1992, en 1995 signé au Niger ou en 2006 signé à Alger entre le gouvernement malien et les touarègues. Ces derniers qui résistent et qui réclament leurs droits légitimes de répartition des pouvoirs et des richesses, et aussi une reconnaissance de leur identité culturelle sont l’objet d’une très grave manœuvre politique de les associer aux terroristes d’Al Qaida de la part des gouvernements malien et nigérien. Ces derniers, prisonniers des intérêts capitalistes de grandes multinationales, comme le groupe industriel français AREVA, ont mis en œuvre toute une stratégie militaire en vue d’exterminer les populations touarègues afin de permettre à ces multinationales d’exploiter tranquillement les richesses minières d’uranium, en impliquant même des Etats européens et nordafricains, à côté des Etats Unies d’Amérique, comme en atteste la réunion ministérielle 5+5 à Tripoli ces jours-ci.
Le Congrès Mondial Amazigh, porte-parole des revendications démocratiques du peuple Amazigh, dénonce ces atteintes aux droits individuelles et collectives des citoyens amazighs et exige le respect et l’application des conventions internationales ratifiées par les Etats de Tamazgha en matière des droits de l’homme, d’égalité entre l’homme et la femme, des droits économiques, sociaux, culturels, linguistiques et civilisationnels des Imazighen, de la liberté de pensée et de culte, des libertés individuelles et collectives, du droit à l’organisation, de la répartition juste et équitable des richesses.
En définitive, le CMA appelle ces états d’Afrique du Nord à appliquer la déclaration des Nations Unies pour les droits des Peuples Autochtones
* Rachid RAHA; Président du CMA